Le Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) a été créé en 2015 par le Conseil de stabilité financière (FSB), un organisme international formulant des recommandations financières. Ce cadre vise à aider les entreprises et les institutions financières à identifier et divulguer les risques et opportunités liés au climat, en les intégrant pleinement dans leur stratégie et leur prise de décision.
Avec la dégradation des ressources naturelles et de la biodiversité, le lancement en 2021 du Task Force on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) n’est pas surprenant. Ce tournant marque une étape majeure dans la quantification de la nature, permettant aux entreprises d’agir pour des résultats positifs pour la nature.
Le succès et l’accessibilité de ces cadres ont conduit à la création d’un troisième pilier clé du reporting en matière de durabilité : le TISFD (Task Force on Inequality and Social-related Financial Disclosures). Cette initiative multipartite, lancée en 2024, vise à développer des recommandations pour permettre aux entreprises de comprendre et de rendre compte de leurs impacts, dépendances, risques et opportunités liés aux personnes.
L’initiative souligne l’urgence à traiter les inégalités sociales : aujourd’hui, les 10 % les plus riches de la population mondiale perçoivent plus de la moitié des revenus mondiaux et détiennent trois quarts de la richesse globale. Lutter contre ces injustices nécessite un reporting harmonisé et une plus grande comparabilité.
Pourquoi le TISFD est-il nécessaire ?
Les objectifs mondiaux pour le développement humain, y compris l’égalité des genres, sont en retard. Des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas accès aux besoins de base, et les inégalités de revenus et de richesses atteignent des sommets historiques. Des écarts profonds persistent entre les pays à hauts et bas revenus.
Les entreprises influencent ces inégalités sociales, et en subissent les conséquences. Sans outils solides pour identifier et divulguer leurs impacts sociaux, elles risquent de perpétuer les disparités. Le TISFD entend combler cette lacune en offrant un cadre clair et exploitable.
Approche de la Taskforce
Le TISFD couvre plusieurs formes d’inégalités : horizontales (entre groupes sociaux), verticales (entre riches et pauvres), géographiques, ainsi que les inégalités structurelles d’accès aux opportunités et aux résultats. Il adopte une double matérialité : matérialité financière (pour les investisseurs) et matérialité d’impact (sur les personnes et la société).
Le TISFD aborde aussi l’inégalité comme un risque systémique, soulignant ses conséquences économiques et sociales à long terme.
Impacts directs et indirects sur les personnes
Le TISFD identifie de nombreux impacts sociaux :
- Employés – salaires, conditions de travail, formation, pratiques inclusives.
- Travailleurs des chaînes d’approvisionnement – décisions d’approvisionnement influant sur les salaires et les conditions de travail.
- Communautés locales – usage des terres, accès au logement, à l’eau, etc.
- Consommateurs – accessibilité et qualité des produits et services, impactant la santé, le bien-être, la sécurité financière.
- Institutions publiques – fiscalité, lobbying, gouvernance.
- Économies – pratiques anticoncurrentielles, investissements influençant l’équité du marché.
Les institutions financières jouent un rôle distinct à travers leurs décisions d’investissement.
Où en est le TISFD en 2025 ? Et après ?
Mi-2025, la phase préparatoire est terminée. Plus de 1 000 parties prenantes (entreprises, ONG, syndicats, experts…) ont contribué via enquêtes et consultations. Une gouvernance formelle est en place.
Le TISFD a défini 5 livrables clés :
- Un cadre de divulgation mondial, aligné sur les structures TCFD/TNFD et les normes IFRS.
- Des fondements conceptuels reliant les entreprises aux résultats sociaux, fondés sur les droits humains, le bien-être, le capital social.
- Des preuves concrètes du lien entre inégalités sociales et risques financiers ou systémiques.
- Des recommandations pratiques (indicateurs, seuils, métriques) pour identifier et rapporter les IDRO sociaux (Impacts, Dépendances, Risques et Opportunités).
- Des ressources pédagogiques destinées aux entreprises, investisseurs, société civile et communautés concernées.
Une version bêta du cadre est prévue fin 2025, suivie d’une consultation. La version finale est attendue fin 2026. L’objectif est l’adoption généralisée et une possible intégration réglementaire, pour une économie plus inclusive et résiliente.